dirigée par Éric Andrieu
Travail Choral
Les acteurs se placent autour du plateau.
Éric. — Allez ! Traversez l’espace. (Le groupe entre et traverse l’espace, chaque acteur suivant sa direction) Plus vite. (Chacun recommence plus rapidement) Entrez ! Marchez ! Accélérez ! Sortez !
Allez ! Quelqu’un entre ! (Un premier traverse l’espace puis un deuxième, un troisième, etc., en marche avant ou en marche arrière, entrant avant qu’un précédent ne sorte) Enchaînez ! (Les pas sont secs) Tous… Entrez ! En avant, en arrière. Doucement les pieds ! Sortez !
Suit un long silence fait de concentration.
Éric. (en claquant des mains) — Traversez.
Étirements de tout le corps, bras étendus le plus possible. Les mains frottent le visage, énergiquement. On entend le frottement énergique. Certains baillent.
Positionnez-vous, dans l’axe de mes pieds. (Enroulements des têtes autour du cou, moulinets des épaules, des coudes, des poignets) Mettez-y de l’énergie, faites-vous violence. Maintenant penchez-vous en avant, fléchissez les genoux.
Ouverture des bras. Puis, les acteurs posent leurs pouces sur les paupières fermées d’un autre, en silence.
Tous sur une seule ligne, face à moi. Espacez-vous et frottez-vous les mains ! Fortement ! (Bruit de frottements) On se retourne ! Frottez-vous le haut des épaules ! On se retourne ! La même chose ! Relâchez. (Puis, l’un frotte le haut de la poitrine de celui qui le regarde) Pendant ce temps, celui d’en face lui frotte le ventre. Doucement ! On inverse les rôles ! Relâchez ! (Puis, l’un frotte la jambe droite puis gauche de son partenaire) En remontant ! (Toujours alignés, un sur deux fait un demi-tour, sort du rang vers l’extérieur du plateau à droite ou à gauche, avec rapidité, au claquement de doigt. Quelques uns sont désorientés) On reprend ! Un sur deux !
Face à moi, répartissez-vous dans tout l’espace. Dans le même axe que moi, pieds parallèles. (De grands cercles décrits par les deux bras simultanément. Des mouvements du bassin sont ensuite amorcés, de gauche à droite, d’avant vers l’arrière, avec des rotations d’amplitudes variables et selon différents rythmes) Les épaules relâchées. Il faut que ça chauffe le ventre. Ralentissez. (Puis pieds et chevilles sont sollicités par des étirements silencieux)
À plat les pieds ! (Pieds parallèles, genoux légèrement fléchis, les acteurs descendent doucement en position assise puis font le dos rond et s’enroulent jusqu’à poser les bras à terre, la tête vers le bas, en respirant profondément… Rotations sur la pointe des pieds, avec appuis gauche pour tourner à gauche et appuis droit pour tourner à droite. Sauts de hauteur variable et petites foulées s’accentuant furieusement. Puis, descente sur un pied d’appui et étirement de l’autre jambe à l’horizontale) Travaillez vos cuisses. Les bras devant. (Tous se concentrent dans l’effort) On enchaîne.
Ils recommencent de nombreuses fois dans le seul murmure de leurs respirations.
On se détend. Bougez un petit peu. Ca va ?…
Étendus sur le dos, bras en croix, genoux fléchis, les corps basculent d’un côté l’autre. Frottement des corps sur le sol. Puis, toujours sans un mot, assis à terre, les jambes écartées au maximum, ils essaient d’attraper leurs chevilles droite et gauche successivement, ou les deux à la fois. Cela dure longtemps dans la concentration et le souffle. Enfin, sur les jambes repliées, les corps tressautent par saccades.
Allez ! Debout ! (Suivant Éric, ils se relèvent d’un coup, en extension) Bougez un peu. Marchez ! Marchez. (Alors, un déferlement de pas contraste avec le silence précédent)
Retour à la position initiale. Tous autour du plateau.
Traversez l’espace, sortez ! Silencieusement, s’il vous plait. Quelqu’un entre ! Comment sens-tu tes jambes ? Flagadas ? Tous ! Marchez ! Sortez.
Tous, avancez d’un pas. Pascale, entre ! Vous autres, elle veut sortir ! (Les acteurs l’empêchent de sortir du centre du groupe. Tous déploient une énorme énergie. Elle y réussit finalement après plusieurs tentatives infructueuses) Agrandissez le cercle ! (D’autres, Morad, Charlotte, Adeline, Paul-Armel, Nedjma, Julien, Karina puis enfin Éric prennent sa place. Ruses ou force sont employées par les acteurs piégés pour réussir à sortir du cercle. Leur succès est accueilli par des cris, des rires, des bravos et des applaudissements par le reste de la troupe. C’est un grand moment de défoulement collectif)
Sortez ! hop ! (Silence) Placez-vous sur une ligne vers moi. La même chose, sauf que tu es seul. Tu es l’acteur héroïque et vous aussi ! (Un acteur, seul, doit empêcher six autres placés en ligne face à lui de franchir son seuil et de sortir du plateau. Encouragements, commentaires vont bon train, cris, sifflets, rires) On enchaîne ! (L’exercice est répété pour sept candidats différents) Tous contre Nedjma. Toi, Nedjma, tu dois en attraper trois ! (Puis même chose pour Paul-Armel)
Répartissez-vous dans l’espace, traversez l’espace ! Hop ! Sortez !
Toi, entre !… Sors ! (L’actrice désignée décrit un demi-cercle) Comme elle, déplacez-vous en arc de cercle ! Enchaînez ! (Chaque acteur doit traverser le plateau en dessinant un arc de cercle. Puis trois entrent et sortent ensemble) Enchaînez les passages, n’attendez pas qu’ils sortent ! Anticipez ! Pieds nus ! En silence ! (Puis, tandis que certains groupes continuent selon cette trajectoire, d’autres courent droit devant eux) Enchaînez ! Un sur deux en arc de cercle ! Des groupes de trois ! Les enchaînements sont tardifs ! (Les demi-cercles sont de toutes tailles. Puis, pour tout le groupe, le plus silencieusement possible. Les passages doivent s’enchaîner de façon fluide et rapide. Puis, s’alternent de deux façons)
Entrez ! Sortez ! Entre, sors, avec la rupture. (Chaque acteur doit entrer dans l’espace et en sortir brusquement en cassant sa trajectoire) Tous ! Plus de rupture ! En diagonale ou latérale, comme vous voulez ! (Recherche de différents mouvements d’accompagnement de la sortie, d’enchaînements) Allez, on travaille un peu les chevilles. Vous ne devez pas faire d’effort, c’est le corps qui vous emmène ! Allez, Hop ! On y va sans signal, quand vous voulez ! (Les acteurs entrent d’un commun et muet accord après un moment) Deux d’entre vous, même chose ! Enchaînez lorsque la sortie est amorcée. On peut sortir différemment. C’est le fait de sortir qui dégage quelque chose ! C’est l’élan, le mouvement qui dirige. On ne fait qu’accompagner. On recommence, par groupe de trois. (Puis, tout le groupe. Puis, un par un. Longue alternance en groupe de marche et de dégagements au signal) Prenez un espace exceptionnel pour la sortie ! Faites des enchaînements réactifs ! Laissez vivre la sortie ! Entrez doucement puis dégagez. Marchez de nouveau souplement puis dégagez. Travaillez la marche avant le dégagement ! De la tenue dans les jambes. (Éric scande ce travail des mots « entrez » et « sortez » en tapant dans ses mains. Puis, cela est refait sans signal, d’un accord tacite entre les acteurs décidant du moment de la rupture) Plus net l’enchaînement, sinon, comment voulez-vous que les autres le sentent ? Vous êtes dans une dépense maximale d’énergie ! Chaque muscle est sollicité. Soyez plus silencieux. Sortez.
Tu l’accompagnes physiquement quand il dégage. Tu peux presque le porter.
Désignés silencieusement par Éric, d’autres viennent le soutenir, en le touchant, et accompagner son mouvement, formant une grappe humaine mouvante et émouvante, ondoyante, ondulante, s’avançant, reculant, dégageant de concert. Puis, le groupe se désagrège pour ne former que des individus se mouvant dans tout l’espace, en écho les uns aux autres. Puis, alternativement, Éric demande des solistes, plusieurs, puis le groupe, puis de nouveau un seul acteur, etc.
Amusez-vous un peu. Attention les bras ! Quoi ? Que faites-vous de vos bras ? Élargissez.
Pour finir, travail d’enchaînement : entrée, dégagement, marche avec tenue, saut d’un pied sur l’autre, tour sur soi-même en présentant un plateau invisible sur son bras. Tous s’exécutent à cette tâche sans concertation.
Entrez ! Élargissez, en essayant de dégager un rythme. Il y a un rythme !
Les différentes phases des mouvements sont scandées par les pas. Le travail se termine sans un mot. Seuls, sont les pieds nus frôlant le sol, glissant sur le sol, la respiration rythmant le tout, en un cérémonial muet et obstiné des corps dans ce mouvement qui semble amené à être perpétuel.
Transcription : Carine Masseron